Patrimoine : La Bleich
La « Meyersbleich », 65 rue des Chasseurs, seul vestige des « Bleiche » (blanchisseries) qui depuis le début du XVIIème siècle, avaient trouvé à la Robertsau des conditions idéales pour l’exercice de leur métier : de l’eau en abondance et des prairies de grande étendue à proximité pour le blanchiment de toiles de lin écru.
Six de ces blanchisseries nous sont connues : à l’entrée de la Au, dans la Oberau, dans la Mittelau et dans la Niederau. De nos jours encore, une désignation parcellaire fait référence à la Zaepffelsbleich se situant de part et d’autre de l’ancienne allée Zaepffel, aujourd’hui allée René Cassin.
La chronologie des faits
- 5 Novembre 2010 : Dans le cadre de l’opération de mise en adjudication de plusieurs terrains appartenant à la ville figure la parcelle où est implan- tée la « Bleich ». Dans la fiche de prescription de cette parcelle il est bien précisé que la maison sera préservée et réhabilitée. En revanche, dans le règlement, il est précisé : « une liberté est laissée de conserver ou démolir la maison exis- tante et, dans l’optique d’une conser- vation, le bâtiment devra faire l’objet d’une réhabilitation de qualité et s’inscrire en cohérence avec le projet global sur la parcelle. » Exactement le contraire de la fiche de prescription…
- 6 juillet 2011 : Lors de la présentation des projets, le Conseil de quartier a posé le problème du devenir des résidents. Certains membres ont plaidé la préservation de la Bleich.
- 8 juin 2012 : Présentation aux riverains de plusieurs hypothèses de projets.
- 1er décembre 2012 : Les habitants du secteur Chasseurs ont été invités afin de les informer de la décision de la municipalité de retenir le projet urbain qui aura comme conséquence la démolition de la Bleich.
- 7 décembre 2012 : Dans une lettre ouverte adressée au Maire de Strasbourg, l’ADIR sollicite son intervention afin de surseoir à la décision qui a été présentée aux habitants et, au contraire, de créer un projet qui préservera la Bleich.
- 18 juin 2012 :Le Conseil municipal décide de vendre la parcelle de la Bleich (29,74 ares) pour 368 448 euros HT.
- 30 décembre 2013 : Arrêté municipal portant permis de construire n° PC 67482 13 V0309
- 6 janvier 2014 : Arrêté municipal portant permis de démolir n° PD 6742 13 V0033
Un projet ambitieux
Antérieurement à cette affaire de la Bleich la municipalité avait entrepris, il y a environ 3 ans, dans le cadre de la préparation du futur PLU, une démarche d’identification du patrimoine urbain et paysager, en vue de sa reconnaissance officielle. Elle avait demandé aux Conseils de quartiers de procéder à un inventaire des bâtiments remarquables et ensembles architecturaux cohérents, basé sur la perception des habitants et non seulement sur des critères techniques ou scientifiques.
L’objectif de cette démarche était d’établir une base documentaire pour l’élaboration de futurs projets d’aménagements, en veillant à valoriser ce patrimoine paysager et urbain. Bien entendu, la Bleich faisait partie de notre inventaire.
Autoriser aujourd’hui cette démolition revient à passer par pertes et profits tout l’investissement de Robertsauviens passionnés par leur quartier, et pour quelle raison ? Au nom de la densification urbaine !
À elle seule, la dégradation intérieure du bâtiment ne peut justifier sa démolition, cette usure n’étant que la conséquence du refus des propriétaires successifs d’entretenir correctement ce bâtiment.
Le collectif d’associations et l’ADIR proposent que sa réhabilitation puisse servir à créer un lieu de rencontre et de convivialité pour la Cité des Chasseurs, ou puisse accueillir un musée des métiers de la Robertsau à travers les âges. Il pourrait même, rêvons un peu, devenir le futur « siège social » Parc Naturel Urbain du secteur Robertsau- Wacken-Quartier des XV.
Pour ces motifs, les associations ont contacté le nouveau propriétaire afin de lui proposer une modification du projet d’aménagement. A titre conservatoire, l’ADIR et l’ADMR ont déposé un recours gracieux auprès du Maire de Strasbourg