Hommage : Robert Grossmann nous a quitté

Hommage : Robert Grossmann nous a quitté

« La Robertsau, je l’ai choisie autant qu’elle m’a choisi » (Ma Robertsau de Robert Grossmann La Nuée Bleue 2014)

Outre sa famille qu’il chérissait la disparition de Robert Grossmann nous a laissés orphelins, nous les Robertsauviens.

Cependant lui-même ne s’était-il pas, depuis fort longtemps, déclaré orphelin de cœur, quand il avouait avoir tourné le dos au Bischheim de son enfance pour s’être laissé séduire par la Robertsau ?

« Séduit, enchanté, ravi », voilà en effet des mots que Robert ne se privait pas d’employer quand il décrivait, de manière quasi mystique, la révélation qu’il avait eue du Rhin et de la Robertsau qui le borde. Cette belle histoire d’amour il l’avait commencée tout enfant alors qu’il venait, avec son père, pêcher dans le Rhin et il n’eut de cesse, sa vie durant, de donner des preuves de sa passion pour notre quartier.

Bien sûr il y eut la politique et cette histoire un peu abracadabrantesque du conseiller général de la Meinau qu’était Robert Grossmann à qui l’on demandade quitter le quartier où il était à l’œuvre pour se présenter dans le canton 5, celui de la Robertsau. Il y fut battu en 1976 mais en 1982 il y « fut élu confortablement » pour reprendre ses propres mots. Raffermi par cette assise politiqueil ne lui restait plus qu’à accumuler les occasions de défendre le quartier.

Cependant il n’est de démarche politique sans l’ombre d’une inspiratrice. Elle s’appelait Mélanie de Pourtalès, il s’appelait Robert Grossmann et, quand il la présentait comme « l’illumination de la cour de Napoléon III », on sentait bien qu’elle marquait sa propre vie. Si en 1983 il acquiert à l’Hôtel Drouot 112 lettres qui avaient été adressées à Mélanie, il confirme cet « échange épistolaire » à la belle comtesse en faisant paraître en 1995 un ouvrage qui rend hommage à celle qu’il admirait pour avoirvainement essayé d’éviter le conflit qui amènerait l’annexion de l’Alsace en 1870.

Mais Robert Grossmann savait aussi être de son siècle et fut en toute occasion un ardent protecteur du patrimoine robertsauvien. Toujours prêt à s’insurger contre la faim insatiable des promoteurs, n’hésitant pas à faire fi de ses appartenances politiques, il entendait faire triompher le bon sens et son amour pour le quartier plutôt que de succomber à de quelconquesarrangements auxquels certains « amis » cherchaient àle contraindre.Il le démontra aussi bien en 1972, quand il fut question de transformer le château de Pourtalès et le parc environnant en un lotissement de très grand standing, qu’en 2012, lorsqu’il rejoignit le collectif du Cœur de la Robertsau pour préserver le foyer et les cours saint Louis.

Nous ne mentionnerons pas sa contribution à la création de l’ASL Robertsau, ni à la préservation des anciens bains municipaux transformés fort heureusement en bibliothèque municipale. Nous pourrions aussi évoquer sa défense de l’ancienne gendarmerie au 119 rue Boecklin, l’agrandissement du centre socio-culturel, l’Escale, ou l’installation d’œuvres d’art contemporain dans le parc de Pourtalès.

Il serait laborieux de dresser la longue liste de ses réalisations. Efforçons-nous plutôt defairevivre le souvenir d’un personnage tout ensensibilité et en délicatesse que sa ténacité rageuse ne parvenait pas àcacher et faisons la promesse de faire vivre son souvenir dans l’esprit de sa famille, de ses amis et de tous les Robertsauviens. Aussi pourquoi ne pas envisager, au-delà des divergences politiques, à distinguer ce grand défenseur de notre quartier en changeant le nom de laplace du Corps de Garde en Place Robert Grossmann ?

Jacques Gratecos , Président de l’ADIR

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