Cyclistes : si vous n’existiez pas, il faudrait vous inventer

Cyclistes : si vous n’existiez pas, il faudrait vous inventer

Alors que les premières amendes minorées sont tombées hier matin, Gérald Brothier, vice-président de l’ADIR (Association de défense des intérêts de la Robertsau), plaide pour une sanction financière encore allégée pour les cyclistes en infraction.

© Photo Flickr

« Cyclistes : si vous n’existiez pas, il faudrait vous inventer ! Car, comme le piéton, vous préservez la planète,… alors pourquoi vous verbaliser si durement ?

Que n’entend-on pas sur les cyclistes ? Ils sont dangereux, ne respectent pas les feux rouges, sont mortels pour les automobilistes qui ne les voient pas notamment la nuit, etc.

Six conditions

Quelques vérités doivent être rappelées : la mise en place dans de nombreuses villes, notamment en France, du Vélo en libre service (VSL) est une heureuse initiative et une bonne amorce pour généraliser la pratique du vélo à six conditions :

1. Un réseau dense de pistes cyclables sécurisées en ville mais aussi au sortir des agglomérations et totalement séparées des chaussées pour voitures et piétons.

2. Un maillage géographique suffisant de revendeurs et réparateurs de vélos agréés.

3. Le gravage obligatoire des vélos à la vente ou la mise en place de puces électroniques pour les retrouver facilement.

4. L’obligation de ne vendre que des vélos munis d’éclairage avant et arrière ainsi que d’un écarteur de couleur rouge afin que les automobilistes respectent la distance de 1,5 mètre en les doublant.

5. Des parkings à vélos plus nombreux et mieux distribués géographiquement.

6. La réduction fiscale des kilomètres parcourus comme pour les automobilistes… qui peuvent déduire, eux, les km entre domicile et lieu de travail…

« Oui à la sanction financière proportionnée de 10 € pour les cyclistes »

Même si on a progressé récemment avec deux adaptations, et ce particulièrement à Strasbourg, pionnier avec le contresens cycliste et le tourne-à-droite au feu rouge – il a fallu pas mal d’années pour en arriver là, tout en se rendant enfin compte que ces nouveaux dispositifs ne causent pas d’accidents. Il reste encore à les généraliser !

Quand je lis “La Ville de Strasbourg et ses partenaires du Contrat intercommunal de prévention et de sécurité de la CUS lancent une campagne de sensibilisation afin de promouvoir un partage respectueux de l’espace public et sensibiliser les cyclistes au respect du code de la route”, mon sang ne fait qu’un tour.

Des PV pour les cyclistes minorés de 90 € à….45,60 €. De qui se moque-t-on ? Oui à la sanction financière proportionnée de 10 € pour les cyclistes.

Je pense que le code de la route doit s’appliquer avec la même sévérité pour les automobilistes (qui ne respectent pas suffisamment ni les cyclistes ni les piétons).

On peut en effet se poser la question : un piéton qui grille un feu, c’est 4 €; un cycliste, c’est 45,60 € (prix d’un vélo d’occasion) ; une auto 90 €; un camion 90 €. Pourtant, en cas d’accident, les conséquences ne sont pas les mêmes.

La pratique du vélo en ville demande une adaptation du code de la route (qui, je le répète, n’a pas été conçu pour les vélos et les piétons) pour la sécurité de tous les usagers par la mise en place du code de la rue (ceci existe en Belgique depuis de nombreuses années) avec les zones de rencontre et les secteurs limités à 20 l’heure.

Je pense aussi que si on sanctionne systématiquement les cyclistes, il faudrait commencer par les usagers les plus dangereux, les automobilistes et les chauffeurs routiers ! En ville, c’est loin d’être le cas (voitures trop souvent garées sur les trottoirs et les bandes cyclables, non-respect de la priorité à droite de l’automobiliste quand c’est un cycliste, etc.).

Pour un usage opérationnel à encourager sur de longues distances pour les cyclistes, il manque des « autoroutes pour cyclistes » permettant de relier le domicile au lieu de travail, à une allure soutenue, et ainsi régler en partie le trop grand nombre de vélos dans les trains TER aux heures de pointe.

Quelle serait la situation de la circulation à Strasbourg si tous les cyclistes de la Communauté urbaine remisaient leurs vélos au garage et se reportaient vers la voiture, voire vers les transports en commun ? Catastrophique sur tous les plans : circulation bloquée, pollution encore plus élevée, dégradation de la santé des habitants.

De grâce, ne tirez plus sur le cycliste ! Si l’on veut que la part de l’usage du vélo – environ 2 % des déplacements en France, à l’exception de Strasbourg, 8 % – continue d’augmenter avec un objectif de 20 % (*) à terme selon Alain Jund, adjoint au maire pour qui “la place du vélo dans nos agglomérations constitue un levier pour la transformation de nos villes”, il faut donc encourager les cyclistes à de meilleures pratiques tout en les sanctionnant de façon juste lorsqu’ils sont en infraction.

(*) Elle est de 26 % en Hollande.

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