[Tribune] Apollonia confrontée aux chamailleries municipales

[Tribune] Apollonia confrontée aux chamailleries municipales

« La mode ou, peut-être, l’air du temps, ou peut-être tout simplement les contingences électorales nous enseignent que c’est le citoyen qui est au centre de tout processus démocratique.

Les naïfs Robertsauviens que nous sommes, ayant entendu le message, ont décidé de se prêter au jeu. Ils se sont réunis, ont réfléchi, concerté, examiné, analysé, délibéré puis, après avoir consulté habitants, associations, architectes, natifs du quartier ou nouveaux arrivants, ont décidé de proposer un projet d’aménagement de l’entrée de la Robertsau. Cela a abouti au programme Apollonia qui fait débat à la Ville et interroge les candides qui, une fois informés, s’en retournent enthousiastes et lui attribuent d’élogieux qualificatifs.

Citoyen. Pour nous ce mot a du sens. En effet, il faut laisser s’exprimer les habitants conscients de ce qui fait défaut dans leur quartier et leur répondre en les associant à la réalisation de ce qu’ils revendiquent. Combien l’adjectif citoyen a été galvaudé par nos politiques qui, dans l’hémicycle de la mairie, réunissent des Strasbourgeois attentifs aux affaires publiques, les laissent s’épancher et créent des commissions qui enterreront nonchalamment leurs aspirations !

Voilà la démocratie participative telle que nos élus la conçoivent.

Innovant, tel serait le qualificatif qui paraît le mieux s’appliquer à cet ensemble qui réunirait un jardin partagé, une salle d’exposition pouvant accueillir réunions d’association ou cours de danse, un hôtel, une salle de coworking , un café ainsi que des logements sociaux doublés d’atelier pour des artistes. Ce qui pourrait passer pour un inventaire à la Prévert correspond en fait à un programme d’intérêt général cohérent et harmonieux élaboré pour satisfaire le plus grand nombre.

Européen par son esprit d’ouverture : à l’inverse des institutions européennes qui s’enferment dans leur tour d’ivoire Apollonia, au cœur d’échanges artistiques européens, serait un véritable bâtiment signal, riche des symboles forts.

Par le jardin partagé qui le borde, lieu d’activités maraîchères et de loisirs ouvert à tous, le passé du quartier serait enfin évoqué. Vitrine plus moderniste d’un Lieu d’Europe à l’étroit dans son parc du Kaysersguet qui l’emprisonne de ses grandes grilles, il en serait le lieu de respiration et lui apporterait un second souffle.

Point de départ d’un parcours artistique qui sillonne toute la Robertsau jusqu’à la Cité de l’Ill, aujourd’hui bien oubliée, il serait la marque de notre conception urbanistique qui insiste sur les liens entre les différentes composantes du quartier.

Que voilà de remarques positives et constructives, me direz- vous, tout serait-il parfait ? Non, il est vrai que ce projet souffre de deux tares impardonnables aux yeux de nos élus : d’une part ils n’en ont pas eu l’initiative, d’autre part, étant un projet associatif avec son propre modèle économique, ouvert gratuitement à tous, sa construction et son fonctionnement ne coûteraient rien aux contribuables. Or il ne faut surtout pas que les Strasbourgeois oublient qu’avant d’être les acteurs de leur ville, ils sont avant tout des payeurs !

Et, de fait, certains élus, dès la publication du programme envisagé, se lancèrent dans une véritable entreprise de démolition. Cela commença par le doute jeté sur la viabilité du projet, alors que financement et exploitation sont totalement garantis et confirmés.

Ce fut ensuite la rumeur qu’un projet pharaonique allait occuper l’entrée de la Robertsau. Avis bien différent de celui des habitants eux-mêmes qui, lors de la présentation des plans, en juin 2018, s’étaient déclarés convaincus que cette belle architecture avait toute sa place à cet endroit-là. Enfin, puisqu’il fallait tuer le projet dans l’œuf, l’on sortit fort opportunément de la besace du dernier conseil municipal une décision ferme et définitive de construire une extension de l’EES (École Européenne de Strasbourg) qui, alors qu’elle avait été inaugurée en septembre 2015, se sentait déjà à l’étroit !

Nous allons de surprise en surprise : en effet 85 000 € (une paille dans le budget abondé par les mêmes contribuables strasbourgeois), ont été affectés, au titre du contrat triennal État, Ville, Région, à une étude sur l’éventualité d’une extension de cette même EES.

L’étude n’a pas encore commencé, on ne peut donc en connaître d’ores et déjà les conclusions et, cependant, l’extension est décidée. Le terrain municipal que devait occuper une partie de l’opération Apollonia et qui devait lui être vendu, leur est d’emblée refusé.

Où en sommes-nous aujourd’hui ?

Il apparaît que l’EES n’est en rien intéressée par une extension à cet endroit-là. Des terrains de la Ville donnant sur la rue Silberrath l’arrangeraient davantage au cas où elle devrait s’agrandir. Non, le coup est plus vicieux.

En effet, dans un premier temps, un ensemble de 40 logements devraient être construits à l’emplacement du jardin partagé puis, dans un second temps, 120 autres suivront, qui occuperont les quelques “dents creuses” environnantes.

Pour l’équipe municipale en place, la Robertsau ne mérite que des logements qui engendreront toujours davantage de problèmes de stationnement et de circulation. L’utilisation envisagée des 22 ares du foyer Saint-Louis et des terrains attenants à l’espace Apollonia actuel est la preuve que les urbanistes de la Ville ne savent pas soigner nos “dents creuses”. Les patients que nous sommes doivent se contenter de souffrir en voyant la Robertsau devenir un quartier dortoir en rêvant à ce qu’aurait pu être un projet engendré par leurs attentes et leur réflexion. »

Jacques Gratecos
Président

Une réunion d’information sur le projet Apollonia, à laquelle chacun est convié est organisée par L’ADIR. Elle réunira tous les acteurs du projet, le mardi 30 avril à 20 h à L’Escale, à la Robertsau.

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