[édito] Quand la ville échappe aux élus

[édito] Quand la ville échappe aux élus

La récente destruction du portique de l’entrée du Parc des expositions en a laissé plus d’un amer. L’on n’évoquera pas ici l’intérêt de cet élément architectural, témoin de son époque. Retenons plutôt le camouflet essuyé par le Maire de Strasbourg manifestant une sensibilité toute légitime au passé de sa ville et auquel le directeur de la mission Wacken Europe répond fermement : « Nous avons des impératifs techniques ». Circulez, il n’y a rien à voir.

Cette énième péripétie n’est, malheureusement, qu’un signe supplémentaire du bouleversement que connaît notre ville. Nos représentants au Conseil municipal ne sont plus les hommes et les femmes d’imagination et de pouvoir qui nous avaient tant séduits en 1989, en proposant aux Strasbourgeois des projets innovants en matière de culture et de mobilité.

Aujourd’hui, dépourvus d’une vision claire concernant le développement de nos quartiers, nos élus se réfugient derrière des recettes simples dictées par des technocrates dépourvus de toute sensibilité associative et collective. Ainsi, à la Robertsau, prenant au pied de la lettre l’affirmation d’Aritote « la nature a horreur du vide », ils déclinent le thème de l’urbanisme sur le principe d’une densification immobilière, qui, par, l’accroissement d’une population citadine, diminuerait les déplacements automobiles et serait ainsi la solution miracle à la pollution.

En matière d’urbanisme les responsables allemands sont plus subtils puisque, à l’écoute de leurs concitoyens, ils entendent privilégier le concept de «Zwischenstadt », une ville de l’entre-deux, entre ville et campagne. Combinant harmonieusement des espaces verts et les logements, elle permet à chacun de garder un lien quotidien avec la nature. Nous n’affirmons pas que l’herbe est toujours plus verte chez le voisin. Cependant ce n’est pas en remplissant toutes les « dents creuses » de notre quartier avec des immeubles que l’on fera baisser la température durant les périodes de canicule.

Le Port aux Pétroles est un autre exemple de la surdité de nos dirigeants. Ils se satisfont non seulement de son voisinage avec une forêt classée réserve naturelle nationale, mais aussi de la présence sur ce site de plusieurs entreprises Seveso indiscutablement dangereuses. A Londres, sur une superficie autrement plus importante, a été réalisé un immense chantier de reconversion urbaine. L’on a déménagé certaines activités industrielles, transformé le paysage, augmenté l’attractivité de la ville, multiplié les emplois, et, ainsi, changé la vision que présentait cette ville aux Londoniens, aux Britanniques et à tous les étrangers.
« Ce qui est possible en Angleterre ne l’est pas à Strasbourg, cela coûterait trop cher » nous affirment nos élus plus préoccupés par la bonne santé financière du Port autonome que par celle des Robertsauviens et des Strasbourgeois.

Reprenons les vieux slogans et mettons l’imagination au pouvoir. Aux prochaines élections municipales, nous saurons choisir ceux qui, retrouvant audace et initiative, auront à cœur le mieux vivre et la sécurité des Robertsauviens.

Jacques Gratecos, Président de l’ADIR

L’association propose sur son site une carte interactive avec l’ensemble des projets en cours sur notre quartier, et invite ses lecteurs à la compléter pour avoir un état des lieux des constructions immobilières à la Robertsau : www.adirobertsau.fr

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